3 consultations obligatoires CSE : comprendre vos droits et peser dans les décisions !

✍️ Freddy VALLERANT | 📆 18 Sep 2025 | 🔄 18/09/2025 | 🗂️ Le fonctionnement du CSE | ⏱️ : 11 minutes

En résumé

Les 3 consultations obligatoires CSE portent chaque année sur les orientations stratégiques, la situation économique et financière et la politique sociale, l’emploi et les conditions de travail.

Elles sont imposées par le Code du travail dans les entreprises de plus de 50 salariés.

Leur omission expose l’employeur à un délit d’entrave, passible d’amende et de suspension des décisions prises.

3 consultations obligatoires CSE : êtes-vous prêt à exercer pleinement vos droits d’élu ?

Chaque année, dans toute entreprise de plus de 50 salariés, l’employeur doit consulter le Comité Social et Économique sur 3 grandes thématiques : orientations stratégiques, situation économique et financière et politique sociale.

Ces consultations récurrentes sont bien plus que de simples obligations. Elles vous permettent de participer aux décisions, de rendre un avis motivé et de défendre les conditions de travail des salariés.

Dans cet article, vous découvrirez les sujets abordés, comment et quand consulter le CSE, la procédure et les conséquences en cas de non-respect.

👉 Voici tout ce que vous devez savoir sur les 3 consultations obligatoires CSE.

Quelles sont les 3 consultations obligatoires CSE ?

Les 3 consultations obligatoires du CSE concernent chaque année les orientations stratégiques, la situation économique et financière et la politique sociale de l’entreprise.

1.   Consultation sur les orientations stratégiques

Cette consultation annuelle aide les représentants du personnel à comprendre la direction que l’employeur souhaite donner à l’entreprise pour les années à venir.

L’objectif est d’anticiper les effets sur l’activité, l’organisation du travail et les compétences.

Vous avez la possibilité d’émettre des propositions alternatives auxquelles l’employeur doit répondre de manière argumentée (article L2312-24 alinéa 2 du Code du travail).

Lors de cette étape, vous pouvez notamment demander :

  • Les objectifs stratégiques fixés pour les 2 à 3 prochaines années.
  • Les conséquences attendues en matière d’emplois, de formation et de compétences.
  • Si l’entreprise prévoit de recourir à la sous-traitance, à l’intérim ou à des contrats temporaires.

Pour préparer un avis éclairé, il est recommandé d’examiner :

Bon à savoir

Vous pouvez faire appel à un expert-comptable, financé à 80 % par l’employeur et 20 % par le budget de fonctionnement du CSE (articles L2315-80 et L2315-87).

2.   Consultation obligatoire du CSE sur la situation économique et financière

Cette consultation vous permet d’analyser la santé économique et financière de l’entreprise (article L2312-25).

Elle repose sur les comptes, les perspectives et la politique d’investissement. L’objectif est de donner un avis motivé sur la solidité de la structure et ses marges de manœuvre.

Parmi les sujets à aborder avec la direction, il est pertinent de :

  • Demander des précisions sur le résultat net, la trésorerie disponible et l’endettement.
  • Interroger sur les projets d’investissement et leur mode de financement.
  • Contrôler l’usage des aides publiques et crédits d’impôt, dont le crédit impôt recherche (CIR).

Le CSE peut mandater un expert-comptable, dont la mission est financée intégralement par l’employeur (article L.2315-88). Cet appui permet aux élus d’accéder à une analyse technique comparable à celle réalisée par les commissaires aux comptes.

Information

Les élus analysent les comptes de l’entreprise… mais les salariés peuvent-ils, eux, consulter les comptes du CSE ? Réponse dans notre article complet.

Les documents financiers et économiques à étudier incluent :

  • Le bilan, le compte de résultat, les annexes et le rapport de gestion (articles R2312-16 et R2312-17).
  • Les rapports des commissaires aux comptes, lorsqu’ils sont exigés par la loi.
  • Le carnet de commandes ainsi que les prévisions de production.
  • Les données économiques et prospectives figurant dans la BDESE.

Depuis janvier 2025, cette consultation doit également intégrer les impacts environnementaux des activités, conformément à la directive CSRD et à la loi Climat.

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3.   Consultation récurrente sur la politique sociale, l’emploi et les conditions de travail

Ce bloc couvre la gestion des ressources humaines et le climat social. L’employeur doit informer le Comité Social et Économique sur :

  • L’évolution de l’emploi, des effectifs, des salaires, des qualifications et de la masse salariale.
  • La politique de formation professionnelle et de gestion prévisionnelle des compétences.
  • Le suivi de l’égalité professionnelle femmes-hommes et l’emploi des travailleurs handicapés (article L5212-1).
  • L’organisation du travail : durée du travail, temps partiel, aménagement du temps de travail, congés.
  • Les conditions de travail.
  • La prévention en santé et sécurité au travail, appuyée par le DUERP et le PAPRIPACT (article L2312-27).

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Pour cette consultation annuelle, l’entreprise doit présenter :

  • Le rapport annuel en matière de santé, sécurité.
  • Le programme annuel de prévention des risques professionnels et d’amélioration des conditions de travail.
  • Les bilans sociaux (obligatoires dans les entreprises de 300 salariés et plus, article R2312-20).
  • Les indicateurs sociaux, environnementaux et d’égalité contenus dans la BDESE.

Bon à savoir

Le CSE dispose d’un droit à expertise pour ce bloc financé à 100 % par l’employeur (article L2315-91).

Tableau récapitulatif des 3 consultations obligatoires CSE
Bloc de consultation récurrente
Objet principal
Base légale
Fréquence
Enjeux pour le CSE
Orientations stratégiques
Analyse de la stratégie de l’entreprise : emploi, métiers, compétences, organisation du travail, formation professionnelle, GPEC
Annuelle (ou ≤ 3 ans si accord collectif, L2312-19)
Anticiper l’impact des choix stratégiques, proposer des alternatives et émettre un avis motivé
Situation économique et financière
Comptes, résultats, investissements, R&D, aides publiques, carnet de commandes, perspectives économiques
Annuelle (ou ≤ 3 ans si accord collectif, L2312-19)
Comprendre la solidité économique, préparer les négociations et exercer un droit d’alerte si nécessaire
Politique sociale, emploi et conditions de travail
Emploi, salaires, égalité professionnelle homme-femme, santé-sécurité, durée du travail, conditions sociales, programme de prévention
Annuelle (ou ≤ 3 ans si accord collectif, L2312-19)
Suivre le climat social, améliorer les conditions de travail et protéger les droits des salariés
Ces 3 consultations obligatoires CSE sont d’ordre public. Si elles ne sont pas respectées, le risque est un délit d’entrave sanctionné par une amende de 7 500 € et la possible suspension des décisions prises.

Pour le CSE, c’est aussi la perte d’un outil stratégique d’influence sur l’emploi, la formation et l’organisation du travail.

Le saviez-vous ?

Au-delà des 3 consultations annuelles, l’employeur doit aussi consulter le CSE ponctuellement sur certains projets impactant l’entreprise.

↪️ licenciement pour motif économique, introduction d’un nouvel outil IA, de contrôle des salariés, télétravail, ou encore mise à jour du DUERP.

Comment se déroule une consultation récurrente du CSE dans la pratique ?

Une consultation récurrente du CSE suit un processus précis : information, réunion, avis et réponse.

Les 4 grandes étapes de la procédure d’information consultation annuelle

Sauf disposition spécifique dans le règlement intérieur du comité, le déroulement d’une consultation CSE suit toujours les mêmes étapes :

1. Transmission des informations

L’employeur doit mettre à disposition les données nécessaires via la BDESE. Sans cette base, la consultation est considérée comme irrégulière.

Les documents varient selon le thème : comptes annuels, plan stratégique, bilans sociaux, programme de prévention, etc.

2. Convocation et ordre du jour

Les membres titulaires sont convoqués.  L’ordre du jour est élaboré par le président du CSE et le secrétaire du comité. La consultation doit y figurer explicitement, faute de quoi elle n’est pas valable.

3. Réunion de consultation

C’est le moment d’examiner les projets, de poser des questions et de confronter les points de vue. Les échanges doivent permettre aux élus d’obtenir les éclaircissements nécessaires pour donner un avis motivé.

Le délégué syndical assiste de droit aux réunions du CSE, selon la fréquence définie par le Code du travail, avec voix consultative. Sa présence permet de faire le lien entre les consultations du comité et les négociations collectives.

Que se passe-t-il si des membres sont absents aux réunions CSE ?

Découvrez tout ce que cela implique pour vos séances dans notre article

👉 Réunion absence des membres

4. Avis du CSE et réponse de l’employeur

Le comité doit émettre un avis unique, collégial, favorable ou défavorable. L’employeur doit y répondre par écrit, en précisant les suites données aux propositions du CSE.

Bon à savoir 

Sauf accord, et cas particuliers, un procès-verbal de la réunion doit être rédigé dans les 15 jours par le secrétaire (D2315-26).

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Les droits des élus CSE pendant la procédure

Vous disposez de plusieurs moyens pour analyser correctement les informations et défendre vos positions :

En cas d’informations manquantes ou insuffisantes, le tribunal judiciaire peut être saisi en urgence (référé) pour contraindre l’employeur à transmettre les documents.

Ces droits ne peuvent réellement s’appliquer qu’avec un CSE correctement constitué.

👉 Retrouvez dans notre article les étapes clés pour réussir la mise en place du CSE.

Les délais à respecter pour rendre un avis valable

Les délais de consultation sont encadrés par l’article R2312-6 du Code du travail. Passé ces délais, le silence du CSE vaut avis négatif.

  • 1 mois pour une consultation simple.
  • 2 mois en cas d’expert.
  • 3 mois pour expertises lorsqu’un CSE central et plusieurs établissements sont impliqués.

Les délais sont préfix. Le CSE ne peut donc pas demander un allongement du calendrier, sauf :

  • Accord collectif.
  • Décision du juge.
  • Ou si les informations dans la BDESE sont manquantes.

Le délai de consultation démarre à la mise à disposition des informations (via la BDESE ou par remise directe), et non le jour de la réunion (Cass. soc. 28 mars 2018, n°17-13.081).

Si les données sont incomplètes, le délai ne court pas, et le CSE peut saisir le juge pour présenter ses réclamations et exiger leur communication.

Tableau récapitulatif des délais des 3 consultations obligatoires CSE
Situation de consultation
Délais de consultation
Base légale
Conséquence en cas d’absence d’avis du CSE
Consultation simple
1 mois
L’avis du CSE est réputé négatif
Consultation avec expert-comptable
2 mois
Le délai est prolongé pour permettre l’expertise
Consultation avec expertises multiples (CSE central + établissements)
3 mois
Chaque CSE d’établissement doit rendre son avis 7 jours avant le CSEC

Quelles sanctions en cas de non-respect des consultations annuelles du CSE ?

Le défaut de consultation annuelle du CSE entraîne des sanctions pénales, civiles et sociales. L’employeur risque un délit d’entrave, la suspension de ses décisions et le paiement de dommages-intérêts.

Délit d’entrave

L’article L2317-1 du Code du travail qualifie d’entrave toute atteinte au bon fonctionnement du CSE.

Dans la pratique, le juge regarde si la consultation a réellement permis au comité de donner un avis motivé.

Par exemple, fournir des documents incomplets dans la BDESE, ou convoquer une réunion sans délai suffisant, peut être assimilé à une entrave.

  • L’amende est fixée à 7 500 € pour une personne physique.
  • Pour une société, elle peut être multipliée par 5.
  • En cas de récidive, des peines complémentaires sont possibles.

Suspension de la décision prise sans consultation

L’absence de consultation du CSE, lorsqu’elle est obligatoire, est constitutive d’un trouble manifestement illicite (Cass, soc. 10 juillet 2019, n° 18-10.815).

Le tribunal judiciaire peut suspendre, voire annuler, une décision adoptée sans que le CSE ait été consulté (Cass. soc., 6 mars 2012, n° 10-30.815).

Le comité peut saisir le juge en procédure accélérée (article L2312-15), qui doit statuer dans un délai de 8 jours.

Le saviez-vous ? 

Le tribunal judiciaire de Nanterre le 14 février 2025 (n° 24/01457), a suspendu le déploiement d’une intelligence artificielle dans une entreprise de presse.

La direction avait ignoré l’obligation de consulter le CSE alors que la nouvelle technologie modifiait clairement les conditions de travail.

En revanche, même si le CSE rend un avis négatif, la décision reste valable. Ce qui est sanctionné, c’est l’absence de consultation préalable, pas le désaccord.

Conséquences civiles et sociales

Le non-respect de la procédure d’information-consultation entraîne aussi des conséquences sur le terrain social et économique :

  • Nullité de certaines décisions : l’absence de consultation peut rendre la décision inopposable aux salariés.
  • Blocage administratif : certains projets nécessitent la preuve d’une consultation. L’article L2312-27 impose par exemple de produire le PV de consultation pour obtenir certaines aides publiques.
  • Perte de légitimité sociale : un projet mené sans concertation dégrade la confiance entre l’employeur et la délégation du personnel.

À retenir 

  • Le non-respect des 3 consultations obligatoires CSE expose l’employeur à un délit d’entrave puni par la loi.
  • Le juge peut suspendre ou annuler une décision, même déjà mise en œuvre.
  • La consultation n’est pas une formalité : sans information complète et sans BDESE conforme, elle perd toute validité.

FAQ sur 3 consultations obligatoires CSE

Quelle est la différence entre l’obligation d’information et la consultation du CSE ?

L’obligation d’information impose à l’employeur de transmettre au CSE tous les éléments nécessaires via la BDESE. La consultation va plus loin : elle implique une modalité de dialogue où le comité a une vraie place pour exprimer ses observations et rendre un avis motivé.

Quelles sont les sanctions en cas d’absence de consultation du CSE ?

Le non-respect des consultations, qu’elles soient récurrentes ou ponctuelles, expose l’employeur à un délit d’entrave. Les sanctions peuvent être :

  • Une amende de 7 500 €.
  • La suspension ou l’annulation de la mesure mise en œuvre.
  • Des dommages-intérêts pour compenser l’atteinte aux droits du CSE.

Le juge peut aussi intervenir en urgence pour bloquer une action décidée sans avis rendu.

Quel est le délai pour la consultation du CSE ?

Le délai de consultation varie selon les modalités prévues par le Code du travail  :

  • 1 mois pour consultation simple.
  • 2 mois en cas d’expert.
  • 3 mois pour expertises lorsque le CSE central et plusieurs établissements sont concernés.

Quand commence à courir le délai de consultation du CSE ?

Le délai commence au moment où l’employeur met à disposition les documents obligatoires dans la BDESE ou les remet aux élus en réunion. Si certains éléments manquent, le délai ne court pas.

Quel est le délai d’un examen suffisant pour une consultation du CSE ?

Un examen est jugé suffisant lorsque les élus disposent d’un temps compatible avec la nature des projets présentés.

La loi prévoit une périodicité minimale (1, 2 ou 3 mois selon les cas), mais le juge apprécie aussi la qualité des informations et leur utilisation par le comité.

Quelles sont les 3 consultations obligatoires CSE ?

Chaque année, le CSE doit être consulté sur 3 blocs récurrents :

  • Les orientations stratégiques de l’entreprise et leurs conséquences sur l’emploi et l’organisation du travail.
  • La situation économique et financière, avec l’analyse des comptes et l’utilisation des aides publiques.
  • La politique sociale, l’emploi et les conditions de travail, incluant la santé-sécurité, les rémunérations et l’égalité professionnelle.

Ces 3 consultations obligatoires CSE donnent une place centrale au dialogue social et à l’expression des droits des salariés.

    Fondateur de FV Formation


    Freddy VALLERANT

    À propos de l’auteur

    Je suis Freddy Vallerant, fondateur de FV Formation. Ancien élu d’entreprise devenu formateur, j’accompagne depuis 2015 les élus du CSE, les membres de la CSSCT, ainsi que les employeurs et managers.

    Avec FV Formation, agréé par la DRIEETS Île-de-France, je propose des formations interactives basées sur la ludopédagogie et une veille juridique active. Auditeur DUERP, j’interviens aussi sur la prévention des risques professionnels et l’amélioration des conditions de travail.

    Mon objectif : fournir des outils concrets pour des environnements de travail plus sains, humains et efficaces.

     

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